Ce vendredi, l'enquête se poursuit après l'attaque jeudi
soir sur les Champs-Elysées, où un policier a été tué et deux autres blessés.
Des
policiers, ce vendredi sur les Champs-Elysées © AFP / Philippe Lopez
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Les
forces de l'ordre continuent leurs investigations ce vendredi, au lendemain de
l'attaque qui a fait un mort et deux blessés dans les rangs de la police jeudi
soir sur les Champs-Elysées.
Que
s'est-il passé ?
Le faits se sont produits vers 21h,
jeudi soir. Sur les Champs-Elysées, des touristes font les courses dans les
magasins ouverts le soir, d'autres dînent dans des brasseries. Quant aux
policiers, chargés depuis des mois de sécuriser la plus célèbre avenue du
monde, ils sont visibles dans leurs fourgons. Ce sont eux qui sont pris pour
cible : "Un monsieur est arrivé en Audi A80, s'est garé derrière le
camion. On a entendu des coups de feu, on croyait que c'étaient des pétards :
il tirait sur la police, en fait", raconte un témoin.
L'agresseur
utilise une arme automatique de type kalachnikov. Il tue un policier, en blesse
sérieusement deux autres, et tente de s'enfuir en courant. Les policiers
ripostent, et l'assaillant est abattu. Le quartier est alors bouclé, parce que
les forces de l'ordre ignorent alors si l'homme a agi seul ou non, et si sa
voiture est piégée ou pas.
Qui
est l'auteur de l'attaque ?
L'assaillant a été identifié comme
Karim Cheurfi, 39 ans, né à Livry-Gargan (Seine Saint Denis). L'homme a
un profil de délinquant récidiviste : en 2005, il a été condamné à 15 ans de
prison pour tentative d'homicide sur des policiers. Les faits remontent alors
en 2001 : lors d'une garde à vue après des violences contre un gardien de la
paix, il parvient à dérober l'arme d'un policier et tire.
Incarcéré
depuis 2001, il est à nouveau condamné en 2008 et 2009 pour des violences
commises en détention. En
2013, après 12 ans passés en prison, il bénéficie d'une liberté conditionnelle.
Mais celle-ci est révoquée en 2014 après une nouvelle condamnation pour un
cambriolage. Il sort à nouveau de prison en octobre 2015, sous le coup
d'un sursis avec mise à l’épreuve.
Surtout,
il y a à peine deux mois, le 23 février dernier, il menace à nouveau de s'en
prendre à des policiers : il est interpellé et placé en garde à vue. Mais les
éléments contre lui sont insuffisants, et il est relâché. Le parquet de Paris
ouvre dans la foulée une enquête pour entreprise terroriste individuelle. Mais celle ci n'a pas abouti avant
son passage à l'acte.
Est-il
lié au groupe Etat Islamique ?
L'homme
n'était pas "fiché S", mais il était suivi par la Direction générale
de la sécurité intérieure. A ce stade, sa radicalisation ne fait aucun doute,
selon le parquet de Paris, qui évoque une référence à "Daech" dans un
mot manuscrit retrouvé sur les lieux du crime.
Mais
la revendication de l'attentat, diffusée très rapidement jeudi soir par le
groupe terroriste, a semé le trouble. Elle fait référence à un certain Abou
Youssef Al Baljiki, surnommé "Youssef le Belge". Un nom et une nationalité qui ne collent pas
avec Karim Cheurfi. Cette revendication utilise aussi en arabe le mot
muqatil ("combattant") qui signifierait que l'homme a pu avoir pris
par déjà à des combats sur le terrain.
Cette
revendication intervient alors que les services de polices sont aussi sur un
signalement venu de Belgique, d'Anvers. Un signalement non pas lié aux
questions de terrorisme mais à du grand banditisme. Des armes, des cagoules et un billet de train
vers Paris ont été retrouvés chez lui jeudi matin. Mais l'homme en question
s'est ce vendredi matin présenté dans un commissariat d'Anvers. Ce n'est donc
pas l'assaillant.
Plusieurs questions tournent autour
de cette revendication : d'une part, Karim Cheurfi a-t-il agi sur des ordres
venant de Daech ou était-il un tueur solitaire ? Jusqu'à présent, le groupe
Etat Islamique n'a jamais revendiqué de façon opportuniste un attentat. D'autre
part, cette revendication est-elle une erreur ? Un leurre destiné à
désorienter les enquêteurs ? Très peu probable, jugent unanimement les
spécialistes contactés ce vendredi.
Qui est Abou Youssef el Belgiki dont
le groupe Etat islamique était visiblement prêt à revendiquer l'action ? S'agit
il d'un autre homme toujours dans la nature et qui avait prévu de passer à
l'acte lui aussi ou serait sur le point de le faire ? Une question qui amène
les enquêteurs à examiner avec prudence et inquiétude cette revendication.
Karim
Cheurfi a-t-il agi seul ?
Des
perquisitions ont eu lieu vendredi matin en Seine-et-Marne où vivait Karim
Cheurfi. Trois personnes ont été placées en garde à vue. Les enquêteurs
cherchent ainsi à identifier d'éventuels complices, ou des soutiens
logistiques, comme la fourniture d'armes, puisque l'assaillant a attaqué à
l'aide d'un fusil d'assaut, qu'un fusil à pompe et plusieurs armes blanches ont
été retrouvés dans sa voiture.
url: https://www.franceinter.fr/justice/attaque-a-paris-ce-que-l-on-sait-de-l-enquete
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