sexta-feira, 21 de abril de 2017

Attaque à Paris : ce que l'on sait de l'enquête

Ce vendredi, l'enquête se poursuit après l'attaque jeudi soir sur les Champs-Elysées, où un policier a été tué et deux autres blessés.

Des policiers, ce vendredi sur les Champs-Elysées © AFP / Philippe Lopez

Les forces de l'ordre continuent leurs investigations ce vendredi, au lendemain de l'attaque qui a fait un mort et deux blessés dans les rangs de la police jeudi soir sur les Champs-Elysées.
Que s'est-il passé ?
Le faits se sont produits vers 21h, jeudi soir. Sur les Champs-Elysées, des touristes font les courses dans les magasins ouverts le soir, d'autres dînent dans des brasseries. Quant aux policiers, chargés depuis des mois de sécuriser la plus célèbre avenue du monde, ils sont visibles dans leurs fourgons. Ce sont eux qui sont pris pour cible : "Un monsieur est arrivé en Audi A80, s'est garé derrière le camion. On a entendu des coups de feu, on croyait que c'étaient des pétards : il tirait sur la police, en fait", raconte un témoin.
L'agresseur utilise une arme automatique de type kalachnikov. Il tue un policier, en blesse sérieusement deux autres, et tente de s'enfuir en courant. Les policiers ripostent, et l'assaillant est abattu. Le quartier est alors bouclé, parce que les forces de l'ordre ignorent alors si l'homme a agi seul ou non, et si sa voiture est piégée ou pas.
Qui est l'auteur de l'attaque ?
L'assaillant a été identifié comme Karim Cheurfi, 39 ans, né à Livry-Gargan (Seine Saint Denis). L'homme a un profil de délinquant récidiviste : en 2005, il a été condamné à 15 ans de prison pour tentative d'homicide sur des policiers. Les faits remontent alors en 2001 : lors d'une garde à vue après des violences contre un gardien de la paix, il parvient à dérober l'arme d'un policier et tire.
Incarcéré depuis 2001, il est à nouveau condamné en 2008 et 2009 pour des violences commises en détention. En 2013, après 12 ans passés en prison, il bénéficie d'une liberté conditionnelle. Mais celle-ci est révoquée en 2014 après une nouvelle condamnation pour un cambriolage. Il sort à nouveau de prison en octobre 2015, sous le coup d'un sursis avec mise à l’épreuve.
Surtout, il y a à peine deux mois, le 23 février dernier, il menace à nouveau de s'en prendre à des policiers : il est interpellé et placé en garde à vue. Mais les éléments contre lui sont insuffisants, et il est relâché. Le parquet de Paris ouvre dans la foulée une enquête pour entreprise terroriste individuelle. Mais celle ci n'a pas abouti avant son passage à l'acte.
Est-il lié au groupe Etat Islamique ?
L'homme n'était pas "fiché S", mais il était suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure. A ce stade, sa radicalisation ne fait aucun doute, selon le parquet de Paris, qui évoque une référence à "Daech" dans un mot manuscrit retrouvé sur les lieux du crime.
Mais la revendication de l'attentat, diffusée très rapidement jeudi soir par le groupe terroriste, a semé le trouble. Elle fait référence à un certain Abou Youssef Al Baljiki, surnommé "Youssef le Belge". Un nom et une nationalité qui ne collent pas avec Karim Cheurfi. Cette revendication utilise aussi en arabe le mot muqatil ("combattant") qui signifierait que l'homme a pu avoir pris par déjà à des combats sur le terrain.
Cette revendication intervient alors que les services de polices sont aussi sur un signalement venu de Belgique, d'Anvers. Un signalement non pas lié aux questions de terrorisme mais à du grand banditisme. Des armes, des cagoules et un billet de train vers Paris ont été retrouvés chez lui jeudi matin. Mais l'homme en question s'est ce vendredi matin présenté dans un commissariat d'Anvers. Ce n'est donc pas l'assaillant.
Plusieurs questions tournent autour de cette revendication : d'une part, Karim Cheurfi a-t-il agi sur des ordres venant de Daech ou était-il un tueur solitaire ? Jusqu'à présent, le groupe Etat Islamique n'a jamais revendiqué de façon opportuniste un attentat. D'autre part, cette revendication est-elle une erreur ? Un leurre destiné à désorienter les enquêteurs ? Très peu probable, jugent unanimement les spécialistes contactés ce vendredi.
Qui est Abou Youssef el Belgiki dont le groupe Etat islamique était visiblement prêt à revendiquer l'action ? S'agit il d'un autre homme toujours dans la nature et qui avait prévu de passer à l'acte lui aussi ou serait sur le point de le faire ? Une question qui amène les enquêteurs à examiner avec prudence et inquiétude cette revendication.
Karim Cheurfi a-t-il agi seul ?
Des perquisitions ont eu lieu vendredi matin en Seine-et-Marne où vivait Karim Cheurfi. Trois personnes ont été placées en garde à vue. Les enquêteurs cherchent ainsi à identifier d'éventuels complices, ou des soutiens logistiques, comme la fourniture d'armes, puisque l'assaillant a attaqué à l'aide d'un fusil d'assaut, qu'un fusil à pompe et plusieurs armes blanches ont été retrouvés dans sa voiture.
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